Voyage dans le temps: le jardin d’agronomie tropicale à Paris

Disséminés à travers le Jardin d’Agronomie Tropicale René Dumont, se trouvent les vestiges du colonialisme français. C’est un endroit surprenant avec d’un côté, un parc d’agronomie tropicale et de l’autre les vestiges de l’exposition coloniale de 1907. Cette visite permet un voyage sur les traces des cultures de l’ancien empire français, à Paris, dans le bois de Vincennes.

Le Jardin d’Agronomie Tropicale offre une promenade dépaysante proche de Paris, dans un espace peu fréquenté. J’y suis allée deux fois et j’étais pratiquement seule sur les lieux. On déambule sur des sentiers en copeaux de bois et on découvre ces vestiges les uns après les autres.

L’exposition coloniale

Organisées au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle dans plusieurs pays européens, les expositions coloniales permettaient à la bourgeoisie de découvrir la richesse culturelle de l’empire et ses colonies. Les vestiges présents dans le Jardin d’Agronomie Tropicale proviennent pour la plupart de l’exposition coloniale de 1907 à Paris. Cette dernière fut l’occasion de recréer des environnements naturels et des monuments: de l’Indochine au Maghreb en passant par la Réunion. De mai à octobre 1907, plusieurs pavillons ont été érigés et 5 villages reconstitués. Des “indigènes” y étaient chargés de recréer leur coutumes: un véritable zoo humain qui sera, heureusement, interdit quelques années plus tard. Si les villages ont maintenant disparu, il reste les vestiges des pavillons des colonies…

Au fil du temps, le parc s’est transformé: tout d’abord un jardin colonial, un hôpital pendant la seconde guerre mondiale et maintenant un programme de développement durable. Le parc d’agronomie tropicale est riche en histoire.

La porte chinoise

Dès l’entrée dans le Jardin d’Agronomie Tropicale, la porte chinoise nous projette dans le Paris du siècle dernier. Cette porte en bois située sur l’allée centrale a été restaurée par le Souvenir Indochinois en 1921. Cependant, la tempête de 1999 l’a de nouveau dégradée. Elle était exposée sous la verrière du grand palais de l’exposition universelle de Paris en 1900.

Esplanade du Dinh

Cet espace comporte deux édifices: un portique et une petite pagode. Cette dernière a été édifiée en 1992 à la mémoire des soldats d’Indochine. La structure originale, le temple du Dinh, a été ravagée par les flammes suite à un incendie criminel. Le petit escalier est ce qu’il en reste. Notez les rampes aux dragons.

Lui faisant face, un portique et une urne funéraire en bronze rappelant les urnes impériales du palais de Hué. Les portes des deux côtés ont été condamneés et le toit s’est effondré.

Dinh? 

Le roi Khai Dinh est un empereur Vietnamien qui visita le jardin colonial en 1922. Il avait été porté sur le trône par la France pendant la première guerre mondiale.

Stupa

Cette stupa Bouddhiste a été érigée en 1926 à la memoire des combattants cambodgiens et laotiens morts pour la France pendant la guerre mondiale.

Le pont des Najas ou pont Khmer

Près d’une foret de bambous se trouve un petit pont Khmer. Les ponts Naga/Naja servaient de représentation symbolique du passage du monde de l’homme au monde des dieux.

Un Naga/Naja est un serpent de la mythologie bouddhiste et hindoue souvent représenté avec 7 têtes. Si vous êtes deja allés a Angkor Wat, vous aurez sûrement vu des Nagas sur les ponts ou balustrades.

Pavillon de la Réunion

Construit en 1900 pour l’exposition universelle du Trocadéro, le pavillon de la Réunion servait de bar à dégustation des produits locaux.

Les vestiges d’une époque révolue

Ce jardin de 4.5 hectares a été racheté par la Mairie de Paris en mai 2003 et son accès au public rétabli en 2006. Bien qu’un travail de restauration ait été entrepris, la plupart des édifices ont subi des outrages irrémédiables et il ne sera pas possible de les rénover. Je me suis approchée de certains et ils servaient visiblement de squat.

Des clôtures ont été installeés afin de séparer les bâtiments dangereux du reste du site. A l’heure ou j’écris, il était encore possible de s’approcher des bâtiments en ruines. 

Le pavillon de l’Indochine

Entouré de palmiers et surmonté d’une verrière, ce pavillon a été restauré en 2011. Il était prévu d’y organiser des expositions temporaires mais pour le moment il est toujours fermé au public. 

Les vestiges de ces expositions coloniales sont peu connus du grand public. Aujourd’hui, les pavillons coloniaux en sont l’unique trace au sein du jardin d’agronomie tropicale. Un retour sur le passé colonial français est prévu afin de remettre l’exposition coloniale dans son contexte. 

Monuments aux morts

Le jardin contient également des monuments érigés à la mémoire des soldats de France originaires des anciennes colonies et tués pendant la Première Guerre Mondiale.

Un jardin d’essai colonial a été créé en 1899 à des fins expérimentales. A la fin du XIXème siècle, la France cherchait à accroître les productions agricoles de ses colonies afin d’améliorer son approvisionnement. Les serres, aujourd’hui à l’état d’abandon, étaient destinées à des cultures diverses. Les plantations exotiques ont disparu et les serres abritent maintenant le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD).

Accès

Le Jardin d’Agronomie Tropicale se trouve à Paris, au nord-est du Bois de Vincennes. Un seul accès est possible: depuis l’avenue de la Belle-Gabrielle

Adresse: jardin d’agronomie tropicale René-Dumont
45 bis, avenue de la Belle-Gabrielle
75012 Paris
RER: Nogent sur Marne


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